Pourquoi l’or est-il aussi dépendant du dollar ?
C’est l’une des relations les plus puissantes des marchés mondiaux… et pourtant l’une des moins comprises.
À chaque fois que le dollar bouge, le prix de l’or réagit presque immédiatement. Mais pourquoi cette dépendance est-elle aussi forte ?
Ce chiffre que personne ne montre : 90 % des échanges d’or se font… en dollars
La première raison est purement mécanique.
Près de 90 % des transactions mondiales sur l’or sont libellées en dollars américains.
Conséquence immédiate :
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Quand le dollar monte, l’or devient plus cher pour les acheteurs non américains → la demande ralentit → le cours recule.
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Quand le dollar baisse, l’or devient moins cher → la demande grimpe → le cours monte.
Selon les experts du Comptoir National de l’Or (www.gold.fr), cette relation d’équilibre explique la majorité des mouvements quotidiens : « Le prix n’est pas seulement déterminé par la demande physique. Il est aussi, et surtout, impacté par la valeur du billet vert. »
Comment la Fed influence l’or sans jamais prononcer le mot “gold”
Même lorsqu’elle ne parle pas de métal précieux, la Réserve fédérale américaine (Fed) façonne sa trajectoire.
Pourquoi ?
Parce que les décisions de la Fed déterminent la force ou la faiblesse du dollar :
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Hausse des taux → dollar plus fort → pression baissière sur l’or
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Baisse des taux → dollar affaibli → soutien mécanique à l’or
Le métal jaune réagit donc à chaque réunion de la Fed comme à un événement majeur.
Une phrase trop agressive peut le faire reculer.
Une phrase plus accommodante peut déclencher une envolée.
La vérité que les investisseurs oublient trop souvent : l’or est une assurance, pas un pari monétaire
Le lien or/dollar donne souvent l’illusion que l’or n’est qu’un actif spéculatif dépendant des banques centrales.
C’est faux.
Historiquement, l’or est avant tout :
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une valeur refuge,
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un outil de diversification,
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une protection contre l’inflation,
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une assurance face aux crises économiques et géopolitiques.
C’est précisément pour cela que, même lorsque le dollar est fort, l’or parvient parfois à se maintenir : la demande refuge prend le relais.
Selon les données du World Gold Council (https://www.gold.org), les banques centrales – notamment celles d’Asie et du Moyen-Orient – continuent d’acheter massivement malgré la vigueur du dollar.
Pourquoi cette relation pourrait se renforcer dans les années à venir
Les analystes constatent une tendance structurelle : la Fed reste l’acteur dominant du système financier mondial.
Tant que c’est le cas :
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Le dollar restera la devise de référence pour les matières premières
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L’or continuera d’être influencé par les politiques monétaires américaines
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Les investisseurs surveilleront la Fed comme un baromètre du métal jaune
Mais un élément pourrait changer la donne : la montée de la dédollarisation.
Si davantage de pays commercent entre eux en monnaies locales ou augmentent leurs réserves d’or pour s’affranchir du dollar, cette dépendance pourrait diminuer à long terme.
Pour l’heure, ce n’est pas le cas : le dollar domine toujours, et l’or suit sa trajectoire comme une ombre.
Faut-il alors attendre un dollar faible pour investir dans l’or ?
Pas nécessairement.
Les experts du Comptoir National de l’Or rappellent un point simple mais essentiel :
« L’or ne se choisit pas en fonction du dollar du jour, mais de la stratégie patrimoniale de long terme. »
Sur 10, 20 ou 30 ans, la corrélation dollar/or s’efface derrière :
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la protection du patrimoine,
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la gestion du risque,
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et le rôle refuge historique du métal jaune.
Conclusion : un duo indissociable… mais pas éternel
L’or dépend du dollar parce que le système financier mondial dépend du dollar.
Mais les lignes bougent, lentement mais sûrement.
Pour l’instant, la mécanique reste simple :
dollar fort → or sous pression ; dollar faible → or soutenu.
Mais dans un monde où les banques centrales achètent toujours plus de métal, où la géopolitique se tend, où les monnaies se redéfinissent… la relation pourrait, un jour, changer de nature.
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