L’or grimpe, mais certains s’en débarrassent discrètement : que se passe-t-il ?

En 2025, le prix de l’or a bondi de plus de 54 % sur l’année. L’once a brièvement dépassé les 4 000 USD en octobre, un niveau jamais atteint auparavant, avant de se stabiliser autour de 3 750 à 3 900 USD depuis plusieurs semaines. Un contexte de records et de tensions qui rend encore plus surprenant le comportement de certains investisseurs : malgré cette hausse historique, certains particuliers — et même quelques profils expérimentés — vendent discrètement leur or.

Des ventes discrètes alors que le prix monte : un comportement atypique mais révélateur

En temps normal, lorsque l’or grimpe, les investisseurs conservent leur métal ou en achètent davantage. C’est l’un des fondements psychologiques classiques des valeurs refuges.
Mais depuis plusieurs mois, un autre comportement s’installe : des ventes opportunistes, souvent en petites quantités, mais régulières.

Ce n’est pas une panique. Ce n’est pas une fuite. C’est un timing.
Et ce mouvement, discret mais réel, interroge.

L’explication numéro 1 : des épargnants profitent de la hausse pour encaisser en silence

Lorsque l’or atteint des sommets, certains particuliers y voient une occasion de :

• concrétiser une plus-value

• financer un projet

• reconstituer une épargne de précaution

• ou réduire une exposition jugée trop forte aux métaux

Ils agissent de manière pragmatique. Ils vendent un peu pour sécuriser leurs gains, sans pour autant sortir totalement du marché.

En réalité, ces ventes ponctuelles sont un signe de maturité financière : elles traduisent une gestion active, loin des comportements irrationnels souvent observés en Bourse.

Hypothèse numéro 2 : un besoin de liquidités dans un contexte économique tendu

L’inflation persistante, les taux élevés, l’augmentation du coût de la vie, les dépenses imprévues… autant de facteurs qui poussent certains ménages à mobiliser leur or comme réserve d’urgence.

L’or physique est l’un des rares actifs :

• immédiatement monétisables

• sans frais de sortie

• non dépendants des marchés boursiers

• et valorisés même en période de stress économique

Dans un climat où le budget des ménages est sous tension, cela suffit à expliquer une partie des ventes.

Hypothèse numéro 3 : certains investisseurs arbitrent entre or et argent

L’argent métal, plus volatile et plus accessible, connaît une dynamique spectaculaire.
Dans plusieurs cycles historiques, l’argent a surperformé l’or de manière amplifiée, parfois avec un rapport de 2 pour 1.

Résultat :
Certains investisseurs choisissent de vendre un peu d’or pour renforcer leur position en argent, convaincus d’un potentiel explosif à court terme.

Ce mouvement, subtil et technique, est particulièrement visible chez les investisseurs expérimentés.

Hypothèse numéro 4 : le retour des stratégies patrimoniales long terme

Certains investisseurs profitent du prix élevé de l’or pour rééquilibrer un portefeuille qui avait dérivé.
Exemple classique :
Un investisseur qui visait 10 % d’or peut se retrouver avec 14 % après la hausse du cours.
Le rééquilibrage consiste à vendre ce surplus pour revenir à 10 %.

Cette stratégie est fréquente chez :

• les épargnants prudents

• les gestionnaires de patrimoine

• les investisseurs qui appliquent des règles strictes d’allocation

Le mouvement est invisible… mais massif lorsque la hausse est longue et régulière.

Une certitude : il ne s’agit pas d’un désamour de l’or

Malgré ces ventes discrètes, aucun indicateur ne montre une perte de confiance dans le métal jaune.
Au contraire :

• les banques centrales continuent d’en acheter

• les tensions géopolitiques soutiennent le prix

• les politiques monétaires brouillent la visibilité

• les investisseurs institutionnels restent positionnés

Les ventes des particuliers ne marquent donc pas un retournement de tendance, mais une série de comportements rationnels, individuels et opportunistes.

Ce que surveillent les experts du marché : le signe qui pourrait tout changer

Si les ventes discrètes se multiplient alors que le prix continue de grimper, cela peut annoncer :

• un pic local

• un essoufflement technique

• ou un besoin de consolidation avant une nouvelle poussée

Mais l’inverse est tout aussi possible :
Plus les investisseurs réalisent des prises de bénéfices, plus le marché se stabilise et se prépare à une nouvelle phase haussière.

Dans l’histoire des métaux précieux, les hausses saccadées accompagnées de prises de profits ont souvent précédé des records.

Que doit faire un particulier en 2026 face à ces signaux contradictoires ?

Tout dépend de son profil :

• Un épargnant prudent peut conserver l’or comme assurance.

• Un investisseur actif peut arbitrer entre or et argent.

• Un investisseur long terme peut renforcer sa position lors des phases de consolidation.

L’essentiel est d’éviter les réactions émotionnelles et de comprendre la logique du marché plutôt que son apparente contradiction.

L’avis des spécialistes : ne vendez pas sans avoir un plan clair

Les experts du Comptoir national de l’or (https://www.gold.fr) constatent eux aussi ces ventes opportunistes.
Leur recommandation est simple :
Vendre de l’or n’est jamais une erreur en soi, mais cela doit s’inscrire dans une stratégie.
Ils peuvent vous aider à :

• évaluer vos besoins réels

• comprendre la tendance du marché

• arbitrer entre or et argent

• sécuriser vos ventes ou achats dans un cadre professionnel et transparent

Un conseil structuré évite les décisions impulsives — surtout dans un marché en pleine tension.