La Deutsche Bank et le fixing de l’or : un retrait qui fait jaser…

Depuis que des soupçons pèsent sur des pratiques parait-il peu « orthodoxes » du processus de fixation des cours de l’or de Londres en 2013, les épisodes se succèdent. Pour rappel, le Fixing de l’or est une méthode qui consiste à fixer le cours deux fois par jour, à 10h et à 15h par les cinq membres de la London Bullion Market Association et qui sont : Scotiabank, Barclays, Deutsche Bank, HSBC, Société Générale. Cette pratique se fait par le biais d’une conférence téléphonique et les prix de l’or sont fixés en dollars américains, en Livre streling et en Euros. La première opération de Fixing de Londres, remonte au 12 septembre 1919 après la fin de la première guerre mondiale. Cependant, ce rituel semble aujourd’hui poser des problèmes de fiabilité vu que le cabinet de conseil anglais Fideres rejoint par la société américaine de gestion d’investissement, AIS accusent clairement les cinq banques de pratiques « illicites » dans la fixation du prix de l’or. Hasard ou coïncidence, le 17 janvier dernier, la Deutsche Bank a déclaré vouloir se retirer du comité de fixing prétextant un resserrement de son activité sur le marché des matières premières. Notons toutefois que son annonce est intervenue précisément au lendemain des insinuations du régulateur financier allemand (BaFin) à propos d’une manipulation dont faisaient l’objet le cours des métaux précieux. La démission du géant allemand, Deutsche Bank du fixing de l’or a eu lieu ce mardi 13 mai alors même que les sièges demeurent sans repreneur… En réalité, il était question quelques semaines plus tôt que la Standard Bank qui est l’une des plus grandes banques d’Afrique du Sud reprenne le flambeau. Celle-ci avait récemment cédé 60% de son capital à une banque d’Etat chinoise, l’Industrial and Commercial Bank of China (ICBC) et elle a finalement préféré ne pas donner suite… De son côté et d »après Reuters, la Société Générale, a eu droit à une visite de la part de l’autorité de contrôle des marchés, la Financial Conduct Authority dans ses bureaux londoniens et d’autres visites sont également attendues dans d’autres banques membres du London gold fixing. Donc il est possible que le manque de transparence et les dizaines de plaintes déposées aient refroidit l’intérêt porté au départ pour le gold fix, réduisant le nombre des institutions financières concernées, à quatre. Cela ne veut pas dire pour autant qu’il y aura un effet immédiat sur le cours de l’or, mais l’analyse apportée par John Embry de Sprott Asset Management sur le sujet est avantageuse pour le métal jaune. En fait, il fait le parallèle entre la « démission » de la Deutsche Bank et le retrait de la banque Rothschild en 2004 qui a fait dire à l’époque que l’or « n’avait plus d’avenir ». Sauf que ce pronostic s’est avéré totalement erroné puisque l’once d’or qui tournait autour des 400 $  a atteint les 1500 $ en 7 ans. John Embry est persuadé que ce scénario va se reproduire avec une plus grande ampleur du fait de l’effondrement monétaire. A la différence d’Eric Sprott et d’Egon von Greyerz, lesquels tablent respectivement sur 2500 $ et 2000 $ l’once d’or, John Embry semble largement plus euphorique puisqu’il mise sur une fourchette comprise entre 5000 et 10.000$ l’once ! Celui-ci pense qu’à l’époque la banque Rothschild s’était écartée du fixing parce qu’elle savait que l’or allait considérablement progresser et qu’elle voulait en profiter… S’agirait-il des mêmes motivations qui animent la Buba aujourd’hui ? Pourquoi elle seule s’est retirée brutalement du marché de l’or ? Pourquoi la Standard Bank a fait volte face ? l’Allemagne, la Chine, les Etats-Unis…qui sait ? Qui sait quoi… ?

Feriel Belhassen

Rédactrice gold.fr

(Source : Les Echos)

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