Ce placement auquel les banques veulent mettre fin dans votre dos

Pendant des années, il a dormi au fond d’un relevé de compte. Aujourd’hui, il est devenu une anomalie très coûteuse pour les banques : le vieux Plan d’épargne logement, ouvert avant 2011, avec un taux garanti jusqu’à 6,3 %. Plus de 2 millions d’épargnants français détiennent encore ce placement d’un autre temps… et à l’approche de 2026, tout converge pour que ce trésor discret disparaisse progressivement de vos comptes.

Le vieux PEL sur-rémunéré que votre banque n’a plus envie de garder

Les PEL ouverts avant mars 2011 bénéficient de conditions aujourd’hui introuvables :

• taux fixés une fois pour toutes,

• souvent supérieurs à 3,5 %,

• parfois jusqu’à 6,3 %,

• et surtout : une durée illimitée, c’est-à-dire sans obligation de clôture à 15 ans.

Selon des chiffres relayés par la Banque de France, ces PEL “historiques” représentent encore près de 84 milliards d’euros d’encours fin 2024, soit plus d’un tiers de l’épargne logée sur l’ensemble des 9 millions de PEL, et plus de 2 millions de plans bénéficient d’un taux supérieur à 3,5 %.

Pour les banques, ces contrats sont devenus un vrai boulet : elles continuent de vous servir des intérêts très élevés, alors que les taux de marché ont longtemps été beaucoup plus bas. D’où une tentation évidente : inciter, parfois très fermement, leurs clients à les fermer.

Ce qui arrive en mars 2026 (et pourquoi les banques entretiennent la confusion)

En parallèle, une réforme passée relativement inaperçue change profondément le paysage des PEL récents. La loi de finances rectificative pour 2010 a limité à 15 ans la durée des PEL ouverts à partir du 1er mars 2011. Au-delà, ces plans doivent être automatiquement clôturés ou transformés.

Concrètement :

• les premiers PEL “nouvelle génération” ouverts en mars 2011 arriveront à échéance en mars 2026,

• entre 2026 et 2030, environ 3,2 millions de PEL, soit plus d’un tiers des plans en circulation, seront concernés par une fermeture automatique ou une transformation en livret fiscalisé à taux librement fixé par la banque.

Cette vague réglementaire crée une opportunité pour les établissements : dans la communication, ils peuvent entretenir une certaine confusion entre PEL “post-2011”, effectivement soumis à fermeture automatique, et PEL plus anciens, beaucoup plus avantageux… qui, eux, ne sont pas légalement obligés d’être fermés.

Pourquoi ces PEL historiques valent plus que jamais pour votre pouvoir d’achat

Dans un environnement où le Livret A tourne autour de 3 % et où de nombreux supports d’épargne liquide rapportent moins, conserver un PEL ouvert avant 2011 revient à détenir un taux garanti largement au-dessus du marché, sans risque de capital.

Quelques ordres de grandeur :

• un PEL à 4 % brut sur plusieurs dizaines de milliers d’euros surclasse presque tous les livrets réglementés actuels ;

• à 5 % ou 6 %, on parle d’un rendement net réel qui reste performant même en période d’inflation ;

• ces taux étant fixés à vie, ils constituent une rare protection contre la baisse future des rendements.

C’est précisément ce type de rémunération que les banques n’ont plus aucun intérêt à maintenir sur le long terme.

Comment réagir si votre banque vous propose de “faire évoluer” votre PEL

Dans les mois qui viennent, de nombreux épargnants vont recevoir :

• des courriers “d’information”,

• des propositions de “migration” vers d’autres produits,

• ou des recommandations appuyées de “simplifier” leurs comptes en fermant leur PEL.

Quelques règles simples pour ne pas agir contre vos intérêts :

PEL ouvert avant le 1er mars 2011

• Il n’est pas soumis à la limite de 15 ans.

• Sa fermeture n’est pas imposée par la loi mais seulement proposée.

• Vous êtes libre de dire non et de le conserver aussi longtemps que vous le souhaitez.

PEL ouvert à partir du 1er mars 2011

• Il est limité à 15 ans : la clôture ou la transformation après cette durée est prévue par la réglementation.

• Vous ne pouvez pas empêcher la clôture automatique, mais vous pouvez anticiper où ira le capital (et ne pas le laisser atterrir par défaut sur un livret faiblement rémunéré).

Dans tous les cas, prenez le temps de vérifier :

• la date d’ouverture du PEL,

• le taux exact,

• les conditions de transformation ou de transfert des fonds.

Une fois le PEL fermé, que faire de cette épargne ?

Pour les PEL récents qui seront effectivement clos entre 2026 et 2030, la vraie question n’est pas seulement “combien je perds de taux ?”, mais “où replacer ce capital dans un contexte d’incertitude économique, de dettes publiques record et de marchés financiers volatils ?”.

Beaucoup d’épargnants choisissent de ne pas rester enfermés dans le seul univers bancaire :

• une partie en épargne de précaution,

• une partie en placements de long terme,

• une partie en actifs tangibles, comme l’or physique, pour diversifier leur patrimoine.

L’or d’investissement (lingots, lingotins, pièces) n’offre pas de rendement garanti comme un PEL, mais il joue un autre rôle :

• protection contre l’inflation et les crises monétaires,

• actif décorrélé de la santé d’une seule banque,

• valeur refuge historique en période de tensions financières.

Les experts du Comptoir National de l’Or accompagnent justement de nombreux épargnants qui réallouent une partie de leur capital (issu de PEL, livrets ou assurance-vie) vers l’or physique, dans une logique de diversification et de protection de long terme.

En résumé, ce placement auquel les banques aimeraient mettre fin dans votre dos, c’est souvent l’un des plus précieux que vous ayez encore dans vos comptes. Avant de signer une clôture ou d’accepter une “mise à jour” de votre épargne, vérifiez la date, le taux, les règles juridiques… et réfléchissez à la manière dont vous voulez vraiment sécuriser votre patrimoine pour les années qui viennent.

Sources officielles

• Données Banque de France — PEL et encours d’épargne réglementée
  👉 https://www.banque-france.fr

• Réglementation PEL — Service Public (gouvernement)
  👉 https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F1616